©2019, Regina Beith

LES BALISES DU SILENCE

Jean-Daniel Meyer « Parts d’ombre »
Regina Beith « Captivités »
Joseph Beuys « Coyote » (dispositif documentaire)
14 mai au 14 juin 2009

Le parti pris de l’exposition « Les balises du silence » est de mettre en relation deux travaux photographiques traitant de facettes différentes du thème de l’enfermement. Un dispositif se référent à la célèbre performance de Joseph Beuys, où celui-ci cohabita dans l’univers clos de la galerie René Block à New-York en 1976 pendant une semaine avec un coyote, est présent à l’entrée comme un préambule.

Jean-Daniel Meyer a réalisé un travail photographique noir blanc au printemps 2003, lors du sommet du G8 en France voisine, une importante manifestation altermondialiste était prévue dans les rues de Genève. A l’approche de cet événement, une grande peur s’empara des commerçants et des banquiers du centre ville. Afin de se protéger des manifestants, ils baissèrent leurs rideaux métalliques, leurs stores et firent ériger à la hâte des barricades, de véritables forteresses de bois, autour de leurs vitrines, de leurs bureaux. Il se dégagea de ces rues ainsi transformées, un sentiment de retrait, de réclusion, de peur obsessionnelle d’une étrange violence. Jean-Daniel Meyer en réalisant à cette occasion une série d’images très sobres « a tenté de saisir comme dans un jeu de miroirs, nos propres angoisses, nos propres enfermements. »

De son côté, Regina Beith a réalisé des prises de vue couleurs d’animaux en captivité dans différents zoos. Pour l’exposition, un choix a été fait entre une trentaine d’ images. Ces photographies parlent d’elles même par leur impact émotionnel. Les regards et les attitudes de ces animaux captifs n’ont rien à envier au pouvoir de l’expressivité humaine, ils nous renvoient, quant à eux, le miroir de l’aberration de leur condition. Si la civilisation a inventé pour le genre humain le système de la prison pour « surveiller et punir » pour reprendre les termes de Michel Foucault, qu’en est-il de l’enfermement pour la spectacularisation de la gente animale ? Au mieux peut-être un moyen de connaissance indirecte de leur monde mais dans un contexte dénaturé , au pire une satisfaction d’un loisir de plus.

L’enjeu de l’exposition « Les balises du silence » est de mettre en relation deux démarches qui ont su écarter la voie naturelle du reportage au profit d’une force suggestive et d’une charge symbolique marquée. Le but étant de créer une réflexion interactive entre-elles alors que ces productions n’étaient pas destinées à se rencontrer au départ.

Le dispositif documentaire de la performance de Joseph Beuys « I like america and america likes mes » est là comme position exemplaire d’un artiste qui a choisi l’enfermement volontaire avec un animal sauvage comme signe symbolique de défense de la nature et de valeurs culturelles universelles. Le rappel de cette œuvre historique fonctionne comme une barre signifiante entre les travaux des deux autre artistes.